long time no see - ft. aurora

Aujourd'hui et ce malgré le manque de sommeil, Orion s'est levé du bon pied. La journée d'hier a été un véritable feu de joie : sublime pour le regard, enivrant pour l'esprit et ardent pour le cœur. Se promener sans but précis dans la ville lui avait permis de faire quelques rencontres hasardeuses ; des rencontres desquelles il n'avait pas manqué de se jouer. A quoi bon faire de nouvelles connaissances si ce n'est pas pour les torturer ne serait-ce qu'un tout petit peu ? Faire ressortir le plus mauvais en eux ? Parce qu'ils le sont, mauvais ; au même titre qu'ils ont appris à devenir des maîtres de l'illusion pour le cacher aux yeux de tous. Il avait par exemple et sans grande surprise d'ailleurs, convaincu une femme un peu trop bavarde à son goût d'appeler son époux pour lui faire part de toutes ses infidélités. Inutile de préciser que l'appel s'était terminé en cris, noms d'oiseaux et chaudes larmes concernant la première intéressée. Orion n'avait même pas réussi à feindre la compassion, un sourire amusé plaqué sur les lèvres tout du long ; et c'était sans un mot qu'il s'était éloigné ensuite pour reprendre sa route, laissant la catin qui avait probablement fait voler en éclats son mariage se noyer dans un chagrin sans fin. Cette dispute avait, à elle seule, réussi à requinquer le démon le persuadant au passage de ne pas s'arrêter en si bon chemin. Ainsi il avait continué à marcher, semant la discorde où il le pouvait et se délectant de cette haine sans limite dont était capable l'Homme. Quoi de plus grisant que d'assister, un verre de vin rouge à la main, à une bagarre générale et sanglante que l'on a soi-même pris le soin de déclencher dans un bar ? Parce que l'Homme est sot même s'il ne sera jamais en mesure de l'admettre ; presque autant qu'il est susceptible. Et parce qu'il suffit parfois d'une minuscule étincelles pour allumer le plus grand des bûchers. Il s'étire lentement et se remémore chaque mot qui a été craché, chaque poing qui a  frappé. Sa peau frissonne de plaisir jusqu'au moment où le tissu de ses vêtements vient la recouvrir afin de se rendre présentable. Le créneau d'aujourd'hui sera le retour dans le passé. C'est ainsi qu'il se retrouve en début d'après-midi devant le clay theater, tête levée en direction de la programmation. Fut un temps où Orion a assisté à la sortie de ces vieux films en noir et blanc, à leur développement puis leur oubli. Les voir aujourd'hui remis à l'honneur lui laisse un goût étrangement amer. Il se souvient -forcément- de tout le temps qui s'est écoulé depuis, toutes ces époques qui ont défilées trop rapidement. Il reste un moment planté devant ces mêmes affiches mornes jusqu'à ce qu'une silhouette familière détruise toute la banalité de l'instant. Des cheveux de feu et des courbes avantageuses s'octroient toute son attention. Des femmes comme ça, il n'y en a pas deux.  « Rory... Hi ! » Lance-t-il après s'être approché, affichant un sourire qui trahit son ravissement. Il a l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis leur dernière rencontre.  « It's been a while. How're things going for you ? » Puis il laisse ses yeux se perdre dans ceux émeraudes de son interlocutrice, oubliant le bruit et les gens autour d'eux.  « I see I'm not the only one the weather has pushed here. »

(couleur rp: #01796F)